Possible alternative à la chirurgie
La place de l’angioplastie coronaire reste limitée dans les recommandations actuelles sur les ANOCOR (Anomalies Coronaires Congénitales). Elle peut être proposée lorsqu’une correction de l’anomalie coronaire est indiquée et que le risque chirurgical est élevé. Cependant certaines équipes proposent un traitement interventionnel pour des ANOCOR droites lorsque le risque de mort subite est considéré comme très faible (patients âgés de plus de 35 ans) et que le but du traitement est de corriger une symptomatologie d’allure ischémique ou une ischémie myocardique documentée. Comme pour la chirurgie, on ne dispose pas pour l’angioplastie de données contrôlées randomisées. Les objectifs biomécaniques de l’angioplastie d’une ANOCOR sont de corriger une forme elliptique de l’ostium et de limiter les risques de compression coronaire extrinsèque.
Les recommandations actuelles positionnent la chirurgie comme le traitement de première intention si la correction d’une ANOCOR est indiquée. Ces recommandations concernent surtout les patients les plus jeunes (< 35 ans) et ne sont pas basées sur des études randomisées avec un niveau de preuve élevé. Les différentes techniques chirurgicales comportent un taux de complications non létales à court et long terme d’environ 10%. De plus, dans une population âgée (> 50 ans), le risque opératoire peut être une raison d’hésitation ou de refus pour une correction chirurgicale. La possibilité d’angioplastie pour les ANOCOR droites a été évoquée pour la première fois dans les recommandations de l’AATS 2017 (niveau IIb/C) suite à la publication par Angelini et al. en 2015 d’une série de cas d’angioplastie d’ANOCOR droites. Certaines équipes proposent désormais l’angioplastie coronaire pour les ANOCOR droites avec un trajet interartériel et associées à des symptômes d’allure ischémique ou à une ischémie myocardique documentée chez des patients âgés de plus de 30 ans. Cette stratégie ne peut se concevoir qu’après une discussion collégiale dans une équipe multidisciplinaire spécialisée.
Les ANOCOR droites avec un trajet interartériel comportent généralement un passage intramural avec une déformation artérielle en fente sur quelques millimètres. La media aortique et la media coronaire sont alors en contact. Le but de l’angioplastie est de réaliser une ostioplastie avec un stent avec une force radiale suffisante pour ovaliser au mieux la partie intramurale du trajet coronaire et ainsi augmenter la surface luminale. Une imagerie préalable par un scanner coronaire, une coronarographie associée souvent à une échographie endocoronaire, est indispensable pour planifier l’angioplastie. Cette dernière peut être complexe sur le plan technique par le manque de support du cathéter-guide avec un trajet tangentiel à l’aorte et un ostium en fente ne permettant pas une intubation sélective. En général, des cathéters Amplatz Left (AL) ou Extra Back-Up (EBU) sont utilisés, avec une stabilité améliorée après la mise en place d’un guide endocoronaire. L’utilisation de stents actifs, avec une épaisseur de mailles pas trop fine, est conseillée. Les stents doivent être implantés à hautes pressions en couvrant entièrement le segment ectopique. Il a été proposé de cisailler la média commune aortique et coronaire avec un ballon spécifique avant l’implantation du stent. L’échographie endocoronaire est la modalité la plus appropriée pour guider l’angioplastie qualitativement et quantitativement.
La première série de patients avec un traitement percutané d’une ANOCOR a été publiée en 2000 par Doorey. Il s’agissait de 12 patients (3 ANOCOR gauches et 9 ANOCOR droites) d’âge moyen de 55 ans, qui ont été traités avec succès par des stents nus, sans complications procédurales et avec un suivi à 6 mois sans ischémie. La plus large série a été publiée en 2015 par Angelini et portait sur 42 patients d’âge moyen de 48 ans, tous avec une ANOCOR droite. La grande majorité a été traitée par des stents actifs avec un guidage par échographie endocoronaire et sans complications procédurales. Lors du suivi à 5 ans, 4 patients (10%) ont présenté une resténose intrastent. Une plus petite série publiée en 2019 par Darki a décrit 4 patients avec une ANOCOR droite traitée par un stent actif et avec un contrôle tomographique en moyenne à 18 mois ne montrant ni distorsion, ni fracture de stent. Notre registre français ANOCOR-STENTING inclut de manière prospective toutes les angioplasties d’ANOCOR droites proposées lors du staff ANOCOR, puis réalisées. Il comporte actuellement une trentaine de patients âgés de plus de 30 ans. Il n’a pas été observé à ce jour de complications procédurales graves. Un suivi clinique et tomographique rigoureux est nécessaire pour positionner le traitement interventionnel dans les prochains algorithmes décisionnels des ANOCOR.